Un fumeur sur deux mal informé sur l’e-cigarette
Une nouvelle étude belge réalisée chez Mensura montre que les connaissances des fumeurs en matière de vapotage sont encore lacunaires, et souvent erronées. Les employeurs soucieux de préserver la santé de leurs travailleurs ont un rôle à jouer pour diffuser une information correcte.
« La majorité des fumeurs se disent bien informés sur l’e-cigarette mais ne disposent en réalité que de connaissances sommaires, voire erronées. » C’est l’une des principales conclusions de l’étude menée par Sophie Roman, Infirmière Health, Teamleader et Conseillère en promotion de la santé chez Mensura. Une recherche réalisée dans le cadre de son mémoire en tabacologie, qu’elle présentera fin 2017.
Entre avril et octobre 2016, elle a pu tester l’état des connaissances de près de 640 travailleurs fumeurs ou ex-fumeurs par le biais d’un questionnaire écrit. Les résultats sont édifiants.
Mauvaises informations, mauvaise utilisation
Leurs connaissances, les fumeurs de l’enquête les tiennent principalement des médias et des autres fumeurs ou vapoteurs. « Alors qu’ils s’estiment relativement bien informés, ils font beaucoup d’erreurs sur des questions un peu plus précises ou pointues » constate Sophie Roman. « Plus d’une personne sur trois pense par exemple que la cigarette électronique est un moyen validé par l’Organisation Mondiale de la Santé pour arrêter de fumer. Ce qui n’est pas exact. »
Mais le plus interpellant aux yeux de la chercheuse spécialisée en promotion de la santé, c’est que « près de deux personnes sur trois voient dans l’e-cigarette un nouveau moyen de fumer, et non un moyen pour arrêter. » Pourtant, le vapotage n’est pas une alternative saine pour la cigarette traditionnelle
Besoin d’aide, moi ? Jamais
Autre surprise pour la chercheuse : deux participants sur trois n’ont jamais consulté de spécialiste pour arrêter de fumer. Et un tiers des candidats au sevrage tabagique estiment pouvoir le faire sans l’aide d’un tabacologue.
« Ici aussi, une bonne information pourrait changer la donne » estime Sophie Roman. « Seules 2% des personnes qui arrêtent sans accompagnement ou aide extérieure tiennent bon après un an. Par contre, celles qui reçoivent le soutien d’un tabacologue sont encore 25% à vivre sans tabac après 12 mois. Et avec le recours à des techniques cognitivo-comportementales et des substituts à la nicotine, ce chiffre grimpe à 40%. »
Une mission d’information pour les employeurs
Plus d’un quart des vapoteurs de l’enquête ont acheté leur cigarette électronique dans un magasin spécialisé. Pour Sophie Roman, ces magasins ont donc un rôle d’information à jouer. Mais les employeurs, à travers les contrôles de santé préventifs, peuvent aussi jouer la carte de l’information pour préserver la santé de leurs travailleurs.
« Il y a une vraie mission d’information à mener » conclut Sophie Roman. Et le message à diffuser tient en deux points :
- La cigarette électronique n’est pas une nouvelle façon « plus saine » de fumer. Elle reste nocive, avec des effets inconnus à long terme, et elle entretient la dépendance.
- Dans le meilleur des cas, la cigarette électronique peut s’intégrer dans une stratégie de sevrage tabagique, guidée par un professionnel de la santé. Et pas en première intention : seulement si les substituts nicotiniques traditionnels, qui ont déjà fait leurs preuves, n’ont pas marché.
Cigarette électronique ou classique : mêmes règles
L’Arrêté Royal du 28/10/2016 assimile entièrement la cigarette électronique aux produits de tabac classiques. Dans les entreprises, l’e-cigarette avec ou sans nicotine est soumise aux mêmes règles que les produits de tabac. Elle ne peut éventuellement se consommer que dans des espaces spécialement prévus et réservés à cet effet, et répondant à des normes légales en matière d’aération notamment.
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