Plus de quatre organisations sur dix ne connaissent pas les chiffres de l'absentéisme
Plus de quatre entreprises sur dix dans notre pays (43 %) n’ont aucune visibilité en ce qui concerne les chiffres de l’absentéisme. C’est presque deux fois plus qu’il y a trois ans. Plus de sept chefs d’entreprise sur dix semblent ignorer ce que l’absentéisme coûte à leur entreprise. C’est ce qui ressort d’une étude mandatée par Mensura, auprès de plus de 500 entreprises et 1 355 travailleurs.
Il y a trois ans, un quart des entreprises belges (24 % ) reconnaissent ne pas suivre les chiffres de l’absentéisme. Aujourd’hui, trois ans plus tard, ce chiffre a considérablement augmenté : plus de quatre entreprises sur dix (43 %) ne suivent pas les chiffres de l’absentéisme dans leur entreprise. Pour les plus petites entreprises de notre pays, cela concerne même la moitié d’entre elles (50 %). En d’autres termes, les employeurs ignorent à quelle fréquence leurs travailleurs sont malades, combien de temps ils le sont en moyenne et combien de jours sans absence leur entreprise comptabilise.
L’absentéisme est perturbant
Plus encore : une entreprise sur trois qui ne suit pas l’absentéisme affirme ne pas en voir l’intérêt. 15 % d’entre elles estiment que cela leur demanderait trop de travail. Des résultats qui ont de quoi étonner : la moitié des chefs d’entreprise affirment que les absences pour cause de maladie perturbent le bon fonctionnement de leur organisation. Près de six travailleurs sur dix (59 %) se plaignent également de devoir remplacer des collègues absents.
Bart Teuwen, expert en absentéisme chez Mensura : « Dans de nombreuses organisations, l’approche actuelle en matière de lutte contre l’absentéisme est uniquement réactive. Des mesures ne sont prises que pour éviter des amendes imminentes. Une telle approche ne permet pas de gérer efficacement l’absentéisme. Cela impacte la planification, la production et le bien-être mental des collègues qui doivent remplacer les absents. L’absentéisme de courte durée peut également être un signe précurseur d’une éventuelle incapacité de longue durée, ce qui perturbe encore plus l’organisation.
Disposer de données sur l’absentéisme est donc essentiel pour prendre des mesures appropriées. Ainsi, si le principal problème est l’absentéisme de courte durée, il est nécessaire d’adopter une approche différente que s’il s’agissait d’absentéisme de longue durée. Disposer de données précises sur les absences permet aux organisations de sensibiliser les supérieurs hiérarchiques et les collaborateurs à l’impact de l’absentéisme et de prendre des mesures. Cette sensibilisation est nécessaire : notre étude montre que beaucoup de supérieurs hiérarchiques – en particulier dans les petites entreprises – ne sont pas formés pour gérer l’absentéisme dans leur équipe ou ne disposent pas d’outils pour comprendre et suivre l’absentéisme. »
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Le coût : la principale inconnue
Le dernier rapport de SD Worx sur l’absentéisme pour maladie montre que le coût moyen pour les travailleurs malades a augmenté d’environ 30 % ces dernières années, pour atteindre un peu plus de 1 500 euros par personne et par an. Et cela ne concerne que les absences de courte durée (moins d’un mois). Plus surprenant encore : plus de sept chefs d’entreprise sur dix ignorent totalement ce que l’absentéisme coûte à leur entreprise.
« Pour de nombreuses entreprises, le coût exact de l’absentéisme pour maladie est une grande inconnue. Souvent, l’absentéisme est considéré comme une chose abstraite ou difficile à mesurer. Outre la perte de productivité directe du travailleur malade, que vous devez continuer à payer même pendant sa maladie, il y a également un impact indirect. En réalité, il faudrait multiplier par 2,5 le coût estimé de l’absentéisme, soit 1 500 euros par an et par travailleur, pour connaître le coût réel de l’absentéisme pour une entreprise », explique Bart Teuwen.
« Il n’y a jamais eu autant de malades de longue durée dans notre pays, ce qui coûte à la société quelque 11 milliards d’euros par an. Pourtant, ces chiffres ne semblent pas inquiéter outre mesure les entreprises. Les programmes de nombreux partis actuellement au pouvoir sont cependant clairs : une pression sans cesse plus importante va être exercée par les autorités pour prévenir l’absentéisme de longue durée ou pour remettre au travail les malades de longue durée via la réintégration. Le caractère non contraignant de la réintégration va diminuer, tant pour l’employeur que pour le travailleur. Les entreprises ont donc tout intérêt à ne pas attendre et à s’attaquer à l’absentéisme à la racine. »
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