Priorité à l’ergonomie : réduire la charge physique au travail

En 2023, 46 % des travailleurs souffraient de maux de dos – la principale cause de retraite anticipée. De plus, 30 % des cas d’absentéisme de longue durée sont dus à des douleurs dorsales et musculaires. Un nouvel arrêté royal impose désormais aux employeurs d’axer spécifiquement leur politique de prévention sur l’ergonomie. Mais au-delà de cette nouvelle réglementation, la sensibilisation et les efforts restent essentiels, tant pour les employeurs que pour les travailleurs.

Depuis le 25 mai 2024, l’Arrêté royal (AR) relatif à l’ergonomie au travail et à la prévention des troubles musculo-squelettiques (TMS) est entré en vigueur. Il oblige notamment les employeurs à prendre en compte les aspects ergonomiques lors de la conception et de l’adaptation des lieux de travail. Ils doivent revoir cette politique chaque année en procédant à une analyse des risques.

Zombies de l’écran

Cet arrêté royal ne tombe pas du ciel. « L’être humain est naturellement enclin à économiser son énergie et à l’utiliser le plus efficacement possible », explique Gerrit Pollentier, responsable ergonomie chez Mensura. En combinaison avec la technologie, cela nous amène à bouger de moins en moins – et de manière moins variée : rester assis pendant de longues périodes, taper sur un clavier en permanence... Ce qui affaiblit notre corps. »

Cependant, les collaborateurs exerçant un travail physique ne se plaignent pas nécessairement moins que les travailleurs sédentaires sur écran (les « zombies de l’écran »). Ils bougent trop souvent de manière non naturelle : gestes répétitifs sur une chaîne de montage, utilisation d’un marteau-piqueur qui émet de fortes vibrations, déplacement de patients dans le secteur de la santé... « La plupart du temps, il ne s’agit pas d’un mouvement ou d’une posture spécifique, mais de son intensité et de sa répétition, sans alternance ni repos », précise le Dr Marc Schiltz, chef du service de médecine physique et de revalidation à l’UZ Brussel. « On retrouve cela dans les professions sédentaires comme dans les professions actives. »

Le mouvement est évidemment bon pour le corps. Mais lorsque nous demandons à notre corps plus qu’il ne peut supporter, il est surchargé. Cela peut éventuellement entraîner des blessures (douleurs dorsales, tensions musculaires, douleurs articulaires...) et même des maladies chroniques. Plus tôt nous prenons conscience de cette surcharge, mieux c’est. Le nouvel AR prévoit un rôle important pour les employeurs à cet égard, mais les travailleurs peuvent également apporter leur contribution.

 

Prévention : retour aux sources

« Nous avons encore un long chemin à parcourir, même si l’AR est un bon début », affirme Gerrit. « Les employeurs donnent souvent à leurs collaborateurs la possibilité d’utiliser des bureaux assis-debout, par exemple, mais ce faisant, ils oublient leur rôle de modèle : ces outils ne fonctionnent vraiment que si les responsables donnent le bon exemple. Les employeurs sont également facilement séduits par les nouveaux gadgets ergonomiques, alors qu’il est préférable de se concentrer d’abord sur les principes de base : votre lieu de travail invite-t-il à un comportement sain en matière de mouvement ?

Pour aider les employeurs dans cette tâche, les ergonomes de Mensura utilisent une approche en trois étapes : explorer la situation, discuter des améliorations possibles en tenant compte de l’avis des travailleurs et discuter avec l’employeur de propositions concrètes et réalisables – éventuellement complétées par des formations.

Logique et Pomodoro

Dans un monde idéal, les employeurs et les travailleurs collaboreraient pour minimiser la charge physique au travail. Ce faisant, les travailleurs respecteraient non seulement les principes ergonomiques sur le lieu de travail, mais aussi en dehors : être à l’écoute de son corps, prendre suffisamment de pauses, bouger régulièrement de façon variée et adopter un mode de vie sain en général. Mensura mise beaucoup également sur le développement d’applications d’auto-évaluation permettant aux travailleurs de « scanner » leurs symptômes.

« Mais nous devons d’abord être plus vigilants », conseille Marc. « Si vous commencez à souffrir de maux de dos, par exemple, demandez-vous où vous les ressentez le plus : lorsque vous travaillez à domicile ou au bureau ? En suivant cette logique, vous saurez où vous devez faire des adaptations. »

« Bien entendu, il est préférable d’investir dans un lieu de travail ergonomique qui invite à un comportement sain en matière de mouvement », souligne Gerrit. « S’il n’est pas disponible, il faut trouver une solution créative. Si nécessaire, posez votre ordinateur portable sur une boîte ou sur une chaise posée sur la table lorsque vous avez des réunions. Mais le plus important est de bouger régulièrement. La technique Pomodoro est donc bénéfique pour le corps et pour la gestion du temps : 25 minutes de travail, 5 minutes de promenade, 25 minutes de travail, et ainsi de suite... »

Le repos fait rouiller

Gerrit et Marc souhaitent également dissiper un malentendu persistant. Vous avez des douleurs dans le (bas du) dos ? Surtout, ne restez pas allongé(e), mais continuez à bouger pour garder votre corps souple. « Après une entorse de la cheville, la plupart des gens essaient de remarcher dès que possible », explique Marc. « Mais en cas de maux de dos, une sorte de peur s’installe : nous n’osons pas bouger davantage pour « ne pas aggraver la situation » – alors que le mouvement est justement la solution. C’est un message que nous devons continuer à véhiculer. »

L’importance de la sensibilisation

L’importance de la prévention est encore soulignée par un autre malentendu. Dans le passé, les maux de dos étaient souvent associés à une cause mécanique, mais nous savons aujourd’hui que d’autres facteurs entrent en ligne de compte.

« Les maux de dos ont rarement une cause unique », explique Marc. « En effet, un travail peut entraîner non seulement une surcharge physique, mais aussi psychosociale. Vous êtes très stressé(e) ? Vous avez une charge de travail importante ? Et depuis combien de temps ressentez-vous cela ? Il faut additionner toutes ces situations de stress, et ce cumul rend parfois le diagnostic et le traitement très complexes. »

« Une prévention active est donc indispensable », conclut Gerrit. « C’est pourquoi nous voulons sensibiliser les gens - employeurs et travailleurs – à l’importance de prendre soin d’eux-mêmes pour leur santé musculo-squelettique. Nous fournissons également des outils concrets pour faciliter ces initiatives. On peut comparer l’ensemble du processus à une longue ascension en voiture. Vous avez acheté une 2CV pour le trajet ? La voiture montrera rapidement des signes de fatigue. Vous avez investi dans un plus gros moteur ? Votre voiture vous emmènera alors plus loin. »

 

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