Bien-être mental au travail ? Pensez « out-of-the-box » – Opinion
Intégrer la santé mentale dans la formation aux premiers secours. Non sous la forme d’un module facultatif, mais bien en tant que partie intégrante. Tel est l’objet d’une proposition de loi déposée par deux députées Ecolo-Groen. Koen Van Hulst, responsable des aspects psychosociaux, salue l’initiative, mais invite les organisations à être beaucoup plus ambitieuses.
Pendant longtemps, les problèmes mentaux au travail sont restés un sujet tabou. La santé mentale relevait de la sphère privée et non de l’employeur. Heureusement, ce temps est désormais révolu. Le fait que, dans notre pays, plus d’un tiers des malades de longue durée souffrent de troubles psychosociaux en dit long quant à l’ampleur du problème. Les problèmes mentaux sont omniprésents et leur impact sur les personnes, le travail et la société est considérable.
Cette problématique doit plus que jamais faire l’objet d’une attention accrue. Les témoignages de sportifs de haut niveau, d’artistes et de chefs d’entreprise souffrant ou ayant souffert de troubles anxieux, de burn-out, de dépression ou de dépendance sont de plus en plus nombreux. Leur démarche est à la fois courageuse et essentielle, car elle incite les politiques à s’emparer du sujet. Dans ce contexte, la proposition déposée par Ecolo-Groen prend tout son sens. Nous intervenons sur-le-champ pour soigner un collaborateur victime d’une coupure, d’une foulure ou d’une brûlure. Mais que faisons-nous pour aider un collègue fragile psychologiquement ?
Que faisons-nous pour aider un collègue fragile psychologiquement ? »Koen Van Hulst Responsable des aspects psychosociaux
Dans le domaine des premiers secours en santé mentale, les pays anglo-saxons ont plusieurs longueurs d’avance. Le « Mental Health First Aid » y est en effet bien établi depuis de nombreuses années. Les formations sont axées sur la détection des problèmes psychosociaux les plus fréquents. Les participants sont également formés aux techniques permettant d’entamer le dialogue de manière appropriée et sûre. L’objectif n’est pas de se substituer aux psychologues, mais de prêter une oreille attentive. Et, si nécessaire, d’orienter les personnes concernées vers une aide professionnelle.
Pour les entreprises, la proposition de loi précitée est donc parfaitement opportune, car elle rend les « premiers secours en santé mentale » accessibles à tous. Il convient toutefois de ne pas s’arrêter en si bon chemin. Il ne suffit pas que quelques personnes suivent une formation « premiers secours » pour combler le retard des entreprises en matière de prévention des troubles psychosociaux. Une approche structurelle, assortie de procédures écrites et de formations pour l’ensemble des responsables et des travailleurs, est la seule manière d’instaurer une culture favorisant le dialogue et permettant de traiter le problème à temps.
Une intervention rapide permet en effet d’éviter bien des souffrances.
L’obligation récente de désigner une personne de confiance dans les organisations comptant 50 collaborateurs ou davantage constitue incontestablement un signal positif. Les entreprises ont besoin d’un réseau finement ramifié de capteurs, capables de détecter rapidement les signaux d’alarme. Un réseau composé de secouristes, de personnes de confiance, de conseillers en prévention aspects psychosociaux et de responsables dûment formés constitue un rempart qui protège les collègues en proie au stress. Cela nous oblige à penser de manière innovante et créative.
Votre organisation veille-t-elle à la santé mentale ?
Burn-out, stress, troubles anxieux... : les responsables hiérarchiques dans votre organisation sont-ils à même de détecter à temps les problèmes mentaux ? Peuvent-ils entamer une discussion à ce sujet et orienter les collaborateurs concernés vers une aide professionnelle ? Lors d’une formation d’une journée, les managers apprennent à reconnaître à un stade précoce les signes de problèmes mentaux, à réagir correctement et à prévenir ainsi l'absentéisme.