De plus en plus de femmes dans la sécurité et la prévention : 5 questions à notre panel Mensura

Sécurité et prévention : durant des décennies, le secteur de la sécurité et de la prévention a été un monde exclusivement masculin. Mais la féminisation est en cours depuis un certain temps. Mensura compte également de nombreuses femmes conseillères en prévention et médecins du travail. A l’occasion de la Journée des droits des femmes, nous avons posé cinq questions à un panel de cinq femmes. Au sujet de leur métier, des compétences « féminines » et de l’importance de cette journée.

Le panel

« L’inégalité et la discrimination sont loin de faire partie du passé »
Anne Berghmans, conseillère en prévention

« Chaque jour est une journée de la femme et une journée de l’homme »
Gretel Schrijvers, directrice générale

« La valeur ajoutée réside dans la mixité, c’est purement scientifique »
Muriel Van Cauwenberghe, conseillère en prévention

« Les hommes et les femmes ont des approches différentes. Nous devrions simplement accepter ces différences parce qu’elles sont complémentaires »
An De Roeck, Directrice médicale

« Nous exerçons souvent notre métier dans un monde majoritairement masculin »
Heidi Henkens, conseillère en prévention des aspects psychosociaux

1. Que représente la Journée des droits des femmes pour vous ?

Anne Berghmans : « Cette journée nous rappelle l’importance des femmes dans la société, dans la vie privée comme dans la vie professionnelle. Car si de nombreux progrès ont été réalisés en matière d’émancipation, les inégalités et les discriminations sont loin d’appartenir au passé. »

Gretel Schrijvers : « Je trouve dommage que nous ayons encore besoin d’une Journée de la femme pour attirer l’attention sur la place des femmes dans la société. Chaque jour devrait être une journée de la femme et une journée de l’homme. »

Muriel Van Cauwenberghe : « C’est vrai, ce genre de journée thématique n’est pas nécessaire, selon moi. Nous devons faire preuve de respect les uns envers les autres tous les jours, n’est-ce pas ? En mettant les femmes à l’honneur le temps d’une journée, nous risquons même d’alimenter les stéréotypes de genre dont nous voulons nous débarrasser. »

An De Roeck : « Pour moi, la Journée de la femme est un jour comme les autres. Je ne me sens ni supérieure ni inférieure aux hommes. Mais pour les femmes qui luttent encore chaque jour contre l’inégalité entre les genres, je pense que la Journée internationale des droits des femmes revêt une grande importance. »

Heidi Henkens : « Nous devons en fait nous débarrasser du concept de genre binaire. Chaque identité au sein du large spectre des genres doit bénéficier de l’égalité des chances, sans mettre les différences sous le tapis. Il n’est donc pas question d’égalité des genres, mais bien d’équité entre les genres. »
 

Heidi: « Nous exerçons souvent notre métier dans un monde majoritairement masculin ».

2. Dans votre travail, êtes-vous parfois traitée différemment des collègues masculins ?

Heidi Henkens : « Nous exerçons souvent notre métier dans un monde majoritairement masculin. Au-delà du volet 'soins', nous jouons un rôle de conseil et d’orientation. Nous devons notamment parfois nous adresser à un chef d’entreprise au sujet d’abus dans son atelier, ou à un collaborateur concernant un comportement indésirable. Il arrive alors que l’on nous traite avec condescendance. Même s’il est alors davantage question de rapports de pouvoir inégaux que de genre. »

An De Roeck : « Personnellement, je ne ressens pas de différence claire avec mes collègues masculins. Tout le monde est traité sur un pied d’égalité. Mais cela n’a pas toujours été le cas. Pendant ma formation en chirurgie, en tant que femme, j’ai dû travailler deux fois plus dur pour y arriver. Cela m’a toutefois motivée à prouver à tout le monde que j’en étais capable. »

De plus en plus de conseillères en prévention

« En 2021, les femmes représentaient 54 % des participants à notre formation de conseiller en prévention de niveau 3. L’année précédente, il s’agissait même de 60 % », indique Julie Pottier, business line manager training chez Mensura. Les chiffres du centre de connaissances Prebes confirment la féminisation des experts en sécurité et en bien-être. On trouve de plus en plus de femmes dans les nouvelles générations de conseillers en prévention.

« Auparavant, les tâches du conseiller en prévention étaient entièrement axées sur la sécurité et il s’agissait généralement d’un travail réservé aux travailleurs masculins et plus âgés », explique Julie Pottier. « La formation et le recyclage obligatoires des conseillers en prévention et des coordinateurs environnementaux ont changé la donne. Ces postes attirent clairement un public plus jeune et davantage de femmes. »

3. Peut-on aujourd’hui déjà parler d’équité totale entre les hommes et les femmes dans le contexte professionnel ?

An De Roeck : « Nous avons parcouru un long chemin, mais des améliorations sont encore possibles dans certains secteurs. Peu importe ce que vous faites ou le lieu où vous travaillez : les femmes devraient gagner autant que les hommes à fonction égale. En outre, le sexe des travailleurs ne devrait pas avoir d’incidence sur leurs possibilités d’évolution au sein de l’entreprise. Malheureusement, c’est encore le cas dans certains secteurs. »

Heidi Henkens : « J’ai également remarqué que les qualités dites 'féminines', telles que la bienveillance, la compréhension ou la sensibilité sociale, sont parfois qualifiées de négatives sur le lieu de travail. Il est toutefois important de montrer ses émotions ou sa vulnérabilité dans le contexte professionnel également. Cela permettrait même d’éviter le burn-out. »

Muriel Van Cauwenberghe : « La législation devrait également permettre de se détacher davantage des rôles attribués classiquement à chaque sexe. En permettant aux pères de rester plus souvent ou plus longtemps à la maison pour s’occuper de leurs enfants, par exemple. Faire en sorte que chacun dispose des mêmes avantages, ce serait plus logique, non ? »
 

An: « Les hommes et les femmes ont des approches différentes. Nous devrions simplement accepter ces différences parce qu’elles sont complémentaires ».

4. Mensura compte relativement beaucoup de femmes au niveau de la direction. Qu’en pensez-vous ?

Gretel Schrijvers : « Chez Mensura, nous sélectionnons les candidats uniquement sur la base des compétences ; le sexe, l’âge, l’orientation sexuelle ou les convictions n’ont jamais été déterminants. Il en découle une saine mixité. » 

An De Roeck : « Et c’est très bien ainsi car l’équilibre entre les deux sexes est important. Les hommes et les femmes ont des approches différentes. Nous devrions simplement accepter ces différences parce qu’elles sont complémentaires. » 

Muriel Van Cauwenberghe : « La valeur ajoutée réside dans la mixité, c’est purement scientifique. Mais je ne cache pas que je suis heureuse de travailler dans une entreprise où les femmes ambitieuses bénéficient de l’égalité des chances. »
 

Gretel: « Chaque jour est une journée de la femme et une journée de l’homme ».

5. Recommanderiez-vous votre emploi à d’autres femmes ?

Heidi Henkens : « Absolument, mais aussi à d’autres hommes ! Il y a actuellement plus de conseillères en prévention aspects psychosociaux que de conseillers. Un peu plus de diversité au sein de ma propre équipe constituerait, selon moi, une valeur ajoutée. »

Anne Berghmans : « Le métier de conseiller en prévention est très varié et nécessite des connaissances, de la minutie, des qualités d’écoute, des capacités d’adaptation, etc. Et, il faut être disposée à troquer de temps en temps ses talons contre des bottes de sécurité et la chaleur de son bureau contre la rudesse d’un chantier en hiver ! »