Comment les tests rapides sont pris de vitesse - OPINION
Procéder à des tests rapides sur le lieu de travail est une bonne chose, mais cela reste un geste médical qui doit être réalisé par des personnes compétentes. Car test rapide ne veut pas dire autotest. Un suivi efficace des résultats des tests est indispensable si nous voulons éviter le chaos, estime Gretel Schrijvers, Directrice générale de Mensura.
Cela fait déjà pas mal de temps que les tests rapides étaient attendus avec impatience et espoir. Ce nouvel instrument de test permet de diagnostiquer une éventuelle positivité au coronavirus en 15 minutes à peine. Différentes initiatives privées et entreprises tentent en ordre dispersé de mettre en place des solutions pour garantir la pérennité de leurs activités (professionnelles).
Mais la façon dont ces tests rapides sont exécutés actuellement soulève pas mal de questions. Car test rapide ne veut pas dire autotest. Il ne s'agit en effet pas de tests que n'importe qui peut effectuer et interpréter soi-même. L'exécution sans compétence de tests rapides par des testeurs autoproclamés conduit au chaos parce qu'ils ne sont pas coordonnés aux efforts des services médicaux, par exemple des centres de dépistage et des médecins généralistes.
C'est ainsi que les tests rapides menacent d'être pris de vitesse. Même si le résultat est obtenu rapidement, le suivi nécessaire assuré par les médecins et les contact tracers prend lui aussi du temps. Et nous constatons ici que l'afflux de tests rapides ralentit, voire stoppe complètement le suivi. Cela crée un système à deux vitesses, où résultat et suivi des tests n'avancent pas au même rythme.
En outre, le fait que les tests sont souvent exécutés par des personnes qui ne disposent pas des compétences nécessaires ne fait qu'ajouter au chaos. Le dépistage est en effet un acte médical qui doit être effectué par les bonnes personnes. Les médecins ou médecins d'entreprise sont les mieux placés pour assurer l'enregistrement, l'interprétation des résultats et le suivi nécessaires. Laisser les gens faire de l'automédication est inefficace, voire potentiellement dangereux, d'autant qu'aucun suivi n'est assuré.
Mensura et d'autres services externes testent actuellement les possibilités d'utilisation de ces tests rapides et attendent avec impatience les 4 millions de tests rapides commandés par le gouvernement. Deux conditions indispensables doivent être remplies pour un déploiement à grande échelle de ces tests rapides : un protocole clair pour les médecins (du travail) et une définition claire des groupes cibles prioritaires éligibles pour un test rapide.
Il ne fait aucun doute que l'utilisation de tests rapides peut constituer un complément très utile dans la stratégie de dépistage. Pour le monde des entreprises, cela peut contribuer à garantir la continuité des activités en cette période étrange. La répétition des tests permet en effet à des personnes qui seraient autrement placées en quarantaine de continuer à travailler.
Nous disons donc résolument « oui » aux tests rapides, mais à condition qu'ils soient effectués par les bonnes personnes et en respectant le bon protocole.L'improvisation est vraiment la dernière chose dont nous avons besoin aujourd'hui.