Logi9

Dans le secteur du nettoyage à domicile, les absences liées à la pénibilité du travail sont fréquentes. Pour aider ses aide-ménagères à trouver des postures et gestes ergonomiques, Logi9 a formé trois d’entre elles avec Mensura. Ce sont elles désormais qui familiarisent leurs collègues aux notions et pratiques ergonomiques. La démarche porte lentement mais sûrement ses fruits. Peu à peu, la fréquentation des formations augmente. L’ergonomie s’invite dans les discussions. Et certaines bonnes pratiques s’ancrent. Valorisées, reconnues, les travailleuses gagnent aussi en confiance en elles.

Logi9 est une société de titres-services qui propose des aides à domicile aux particuliers. En Province de Liège et de Luxembourg, ses six agences emploient ensemble près de 500 personnes, aideménagères principalement.

Valérie Stas, experte prévention en ergonomie chez Mensura : « Les aide-ménagères sont particulièrement exposées aux maux de dos et aux douleurs articulaires. C’est un secteur où les incapacités de travail liées à ce type de plainte sont fréquentes. » Chez Logi9 autant qu’ailleurs : l’entreprise tourne en permanence avec deux tiers seulement de son effectif.

« Les travailleurs ont peu de connaissances pratiques en ergonomie », constate Cécile Gérôme, qui a créé Logi9 en 2007. « Les formations ponctuelles données par des organismes externes nous mettent en ordre aux yeux de la loi, c’est tout. Elles ne changent rien au quotidien des travailleuses, qui se trouvent ravalées dans une position d’apprenantes face à un détenteur du savoir. Le contenu-même de ces formations est parfois ridiculement inapplicable. »
 

En 2017, Logi9 change son fusil d’épaule. L’entreprise fait appel à Mensura pour former trois formatrices internes, qui formeront à leur tour leurs collègues. Cécile Gérôme : « Elles tenaient vraiment à être à la hauteur. Et le résultat a été bluffant. Valérie, l’experte de Mensura, est arrivée avec toutes ses compétences mais aussi avec beaucoup d’humilité. Je crois qu’elle a eu du plaisir à venir, et ç’a été contagieux. »

Pendant plusieurs mois, Valérie décortique avec les trois femmes les gestes de leur travail quotidien, théorie ergonomique à l’appui. Les trois futures formatrices digèrent ensuite ces apprentissages dans un cours sur mesure pour leurs collègues. « Elles ont vraiment bien fait ça », admire l’experte Mensura. « Elles ont assimilé la théorie et la pratique, puis en ont fait une version propre, courte, très concrète : comment porter un seau d’eau, soulever une manne à linge manipuler des outils à manche... » Avec l’aide d’une pédagogue, les trois femmes apprennent aussi à former.
 

D’abord obligatoires, les formations données par les trois femmes enregistrent 50 % de désistement. « Enfant malade, pneu crevé... il y avait mille raisons de ne pas venir », explique Cécile Gérôme. « Alors nous avons pris le risque de laisser chacun libre. Nous avons expliqué la démarche, créé un compte fermé sur Facebook pour partager les expériences de formation... Peu à peu la participation augmente. Et surtout, j’entends dire : ‘maintenant, je pose mon seau à ma hauteur’. Ou ‘je tords ma lavette, pas mes poignets’. Les pratiques évoluent. Lentement, mais sûrement, j’espère. »

La démarche participe aussi à sortir les travailleuses de leur isolement. « Ces dames sont des milliers, mais elles sont toujours seules », souligne Cécile Gérôme. « Dans ce type de formations entre pairs, elles se retrouvent entre elles. Elles ont l’occasion d’aborder les vrais problèmes. A mes yeux, c’est aussi – enfin – un début de reconnaissance de leur profession. Elles exercent un vrai métier, qui demande des compétences spécifiques, entre autres sur le plan de l’ergonomie. »

Cécile Gérôme fait le voeu que le film Au bonheur des dames, tourné en partie chez Logi9, participe lui aussi à renouveler l’image de ces femmes – et hommes – qui rendent service à un million de familles en Belgique.