« Moins de malades de longue durée ? Révision de la loi bien-être fédérale » – Opinion

Le marché du travail, les entreprises et la sécurité sociale sont soumis à une pression insoutenable. Les propositions actuelles des responsables politiques sont utiles, mais en aucun cas suffisantes. Une révision fondamentale de la législation s’impose. Le Code du bien-être au travail doit être revu de toute urgence, estiment Gretel Schrijvers, CEO de Mensura Group, et Hans Maertens, administrateur délégué de Voka, le réseau flamand d’entreprises.
« Confiez plus de responsabilités aux médecins du travail. »


La Belgique est championne d’Europe, mais dans la mauvaise discipline. Plus d’un demi-million de personnes sont aujourd’hui malades de longue durée et donc en arrêt de travail. Il n’y en a jamais eu autant et les chiffres continuent de s’aggraver.

Tous les gouvernements de ce pays aspirent à un taux d’emploi de 80 %. Les prochains gouvernements pourraient viser le même objectif, et à juste titre. Pour l’atteindre, nous devons inverser la tendance à la hausse du nombre de malades de longue durée. Selon Mensura et Voka, il faut pour cela impérativement que les cadres législatifs relatifs au bien-être et à la santé au travail soient modernisés.

Législation inhibitrice

Les médecins du travail jouent un rôle crucial afin de prévenir l’absentéisme et d’encadrer le grand groupe de personnes en incapacité de travail de longue durée vers une reprise de leurs activités professionnelles. Mais les médecins du travail donnent un coup de frein. Le cadre actuel de la loi bien-être fédérale date de 1996 et est désespérément désuet. La loi est trop rigide et ne tient pas compte des nouveaux rôles des professionnels de la santé ni des progrès technologiques.

Les médecins du travail représentent la seule catégorie professionnelle dont les tâches sont aussi rigoureusement limitées par la loi. Ces spécialistes consacrent la majeure partie de leur temps à des tâches qu’ils « doivent » accomplir, quel que soit l’état de santé du travailleur, comme les examens périodiques ou intermédiaires. Il serait possible de miser beaucoup plus sur le bien-être et la santé si la loi était un peu modernisée.

La crise du coronavirus est la preuve évidente que les choses peuvent changer. Les médecins du travail et services externes se sont alors réinventés en un clin d’œil pour soutenir la campagne de vaccination dans les établissements pour personnes âgées et hôpitaux, s’impliquer dans le dépistage, contribuer à la recherche pour mettre au point de nouveaux vaccins et recourir aux consultations vidéo pour que les collaborateurs en bonne santé continuent de travailler. Il est possible de travailler différemment. Mais il manque un cadre légal pour continuer à le faire de manière efficace et durable.

Délégation des tâches et technologie

Les médecins du travail ne doivent pas tout faire seuls. Les ergonomes ou psychologues peuvent prendre le relais dans certaines situations. La loi ne le permet pas encore aujourd’hui. Des infirmiers d’entreprise pourraient quant à eux surveiller certains paramètres sanitaires.
Les médecins du travail pourraient leur déléguer plus de tâches, comme de simples examens et des consultations. Grâce à la nouvelle législation, cela se fait déjà beaucoup dans le secteur des soins de santé. Le secteur de la prévention a également tout intérêt à emprunter ce chemin.

La loi bien-être actuelle présente une autre lacune importante : elle ne permet pas à la médecine préventive de recourir aux nouvelles technologies, comme les téléconsultations ou la collecte automatique des données. Pourtant, ailleurs dans le secteur des soins de santé, des pas de géant sont accomplis grâce aux évolutions technologiques, comme l’utilisation de l’intelligence artificielle. La prévention moderne repose sur le soutien technologique. Il est indispensable de disposer d’une base légale pour que ce soit également possible au travail.

De meilleurs soins à moindre coût

Un statut plus moderne pour les médecins du travail constituerait également une bonne nouvelle pour les généralistes qui croulent actuellement sous la charge de travail. Pourquoi ne pas impliquer les médecins du travail dans la promotion de la santé auprès de la population active au sens plus large ? Ce souhait ne vient pas seulement des services externes.
Des associations de patients comme « Diabetes Liga » ou « Stop Darmkanker » sont demandeuses parce qu’elles ne parviennent pas à atteindre autrement une partie de leur public cible.

Les médecins du travail sont des médecins spécialisés. Ils respectent le même code de déontologie et niveau de confidentialité que les autres médecins. Pourtant, contrairement aux autres médecins, ils doivent suivre des étapes pour accéder aux dossiers médicaux des travailleurs patients, ce qui entraîne un surcroît de tâches administratives, des enregistrements en double et une répétition des soins. Permettez donc aux médecins du travail d’accéder aux dossiers médicaux afin qu’ils puissent répondre efficacement et rapidement aux demandes de soins des travailleurs. Nous pourrons ainsi fournir de meilleurs soins et contribuer à réduire le coût de la sécurité sociale.

Nous appelons tous les partis politiques à mettre davantage l’accent sur les soins de santé préventifs. Si le nombre de malades diminue, c’est toute la société qui en profite.
Faites confiance aux services externes de prévention et de protection au travail. Et adaptez les cadres légaux pour que les employeurs et médecins du travail puissent faire la différence dans la lutte contre l’absentéisme pour cause de maladie de longue durée.